La mauvaise éducation

Un enfant faut y penser avant. Sauf si les humains sont comme les chiens qui ne pensent pas ou peu. Qui se reproduisent par instinct .Par plaisir peut-être, aussi. Les humains ne seraient donc pas si différents des chiens.

D’ailleurs, regardez autour de vous le nombre croissant d’humains qui ont un chien.

Dans l’appartement en face du mien, il y a un couple d’humains avec un enfant de deux, trois ans. Pas de chien. L’enfant pleure, souvent.En réponse, sa mère crie. Son père ne dit rien. Il grogne plutôt.

« Entre, chaussures, enlève, pas bouger ». Comme à un chien. Erreur.

Sachez que des études scientifiques ont prouvé qu’un chien pouvait comprendre jusqu’à une centaine de mots, répondre à des demandes simples du type: « rapporte le jouet bleu , Rex ». Syntaxe qui montre que le locuteur a quelques égards pour son animal de compagnie en comparaison de la parataxe du père pour son fils. Qui n’est pas un animal de compagnie, à priori.

Dans l’immeuble, nous ne sommes pas nombreux. deux appartements par palier, quatre étages, c’est facile de voir passer les humains même sans le vouloir.De les entendre surtout. Parce que les constructions immobilières en béton des années mille neuf cent soixante dix sont mal insonorisées. Très mal.

Dimanche, neuf heure, l’enfant pleure. Sa mère crie à neuf heures cinq.Le père , silence. Le temps du petit déjeuner. Déjeuner en paix. Sachez que beaucoup d’enfants arrivent à l’école le matin sans avoir pris de petit-déjeuner. Dixit les statistiques du Ministère de l’éducation Nationale.

A neuf heure quarante, sourd de l’appartement d’en face le rythme chaotique d’une station de radio choisie plus ou moins au hasard. Moins question qualité. Basses saturées. On aurait préféré F.I. P. , à la rigueur Nostalgie. Sachez que la musique adoucit les mœurs. Faux. L’enfant de deux, trois ans se remet à pleurer, plus fort. Il est dix heures. Peut-être que l’enfant n’aime pas ce genre de musique. Ou, aimerait être au calme. Sachez qu’ « un enfant a besoin de calme » disait ma grand-mère.

Dix heures quinze. Dans l’appartement en face, «  t’es trop con, Oscar, je m’occupe plus de toi » hurle sa mère.Oscar, en référence à Oscar Wilde, ou à« wild » qui signifie « sauvage »en américain. Qui sait ? La mère se tait. Plus de musique. A mis le temps. Ami, le temps ?

Pour le couple de jeunes humains avec enfant , le temps est un ennemi. . Le temps qu’ils sont successivement lui et elle puis elle toute seule, enfin, lui tout seul ,avec l’enfant .Pourtant attendu. Désiré n’est pas le mot idoine. Sachez que l’observation involontaire d’une partie de leur vie, révèle une contradiction.Un paradoxe. Etymologiquement, « para » : ce qui est contraire à,  la « doxa », c’est à dire : l’opinion.

La preuve.

Onze heures . Sortent l’enfant et sa mère. Une fois que la porte est claquée,fermée à clef, derrière eux, la mère déballe son amour, droit devant. Devant l’opinion. Pourvu qu’elle soit bonne. Ca résonne« allez mon chéri, fais attention aux marches, non mon coeur, il n’y a pas d’ascenseur. ».

Pas d’ascenseur pour descendre. Ni pour monter . Tu vas en baver mon garçon. Avec les autres, tes copains de la maternelle bientôt obligatoire dès l’âge de trois ans. Décret du nouveau ministre. Tu vas en prendre pour quinze piges, minimum. A te coltiner les profs . En plus de tes parents. Sauf que les profs, tu peux les faire chier. Gratuitement. Les profs sont des étrangers. Ils sont encore moins que tes voisins de palier.