Liberté

Quelle place pour les autres, finalement, quand le discours ambiant, nous donne à penser que ses victoires, on ne les doit qu’à soi-même ?

Les autres sont, au mieux des alliés objectifs, des relations utiles, au pire, des concurrents, à l’extrême des ennemis. En tout cas, pas des frères : « liberté, égalité, fraternité »est -il inscrit sur les édifices de la Républiques. Devise que le comique Jean Yanne avait transformée, pour les besoins d’un film, en « Liberté, égalité, choucroute. » !

La liberté, en 2019, c’est le libéralisme, la fraternité c’est « il n’y a qu’à traverser la rue pour trouver du boulot ».

Et si t’es vieux, un peu paresseux, que tu as peur de te faire niquer par un S.U.V. qui roule à donf sur la chaussée, ne compte surtout pas sur le passant pour t’aider car c’est un concurrent. Si t’es jeune, plein d’allant, ce n’est pas si différent, surtout quand tu n’as pas de parent, je veux dire de parents qui ont un peu d’argent.Un peu d’argent à te filer, pour t’aider à traverser. Alors, il te faut y aller, vite, en courant, te méfiant quand même des croche-pieds, ainsi que de la sonnerie de ton « high-phone » ( qui entre nous soit dit t’a coûté la peau du cul, alors ne te plains pas si tu n’as plus un rond) susceptible de te déconcentrer gravement dans ta progression, risquant de te faire chuter.

Reste l’égalité ou plutôt l’inégalité. La question des inégalités socio-économiques est largement ramenée dans les discours médiatiques ( « paroles et paroles et paroles « chantait Dalida, la copine de Mitterrand) du moment. Elle taraude quelques grands esprits, en premiers desquels, on veut bien y croire, Thomas Piketty. « Peek a boo » chante Zappa dans « Nanook rubs it ». Ceci, lecteur, pour raviver ta mémoire ou parfaire ta culture musicale. Rien de nouveau chez Piketti « peek-a-boo » depuis Jean-Jacques Rousseau qui écrivait au début de la seconde partie de son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les Hommes : « Le premier qui , ayant enclos un terrain, s’avisa de dire ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile ».

Et à l’origine de l’inégalité.

Aussi, tant que des gens plus ou moins nombreux accaparent la propriété tandis que d’autres gens tout aussi nombreux sinon davantage, n’ont rien ou presque rien, on peut parler de liberté en toute quiétude, surtout quand on est du côté des propriétaires.

On peut aussi l’écrire, dans le genre : « Liberté, j’écris ton nom » , c’est une noble occupation, celle du poète embourgeoisé qui s’est sauvé du merdier et qui a tout ce qu’il lui faut pour son dîner.

Professeur Mottro.