11 novembre

Aujourd’hui nous renvoie à la fin de la grande guerre de 1914-1918, celle que nos ancêtres, en partant combattre la fleur au fusil, avaient appelé « la der des der ». Mais ce n’était pas la dernière. Ouvrons les yeux sur les guerres dans le monde en 2019, guerres en Syrie, en Afrique, en Asie. La guerre apparaît bien comme la continuité de la politique des Etats (Clauzewitz). Alors, depuis le temps que nous constatons, que nous nous lamentons sur les ruines qu’elle cause, pourquoi les Etats ne font pas tout ce qu’il faut pour empêcher la guerre, pourquoi ne contraignons-nous pas les Etats à le faire ?

Parce qu’il y a dans l’humain une  « pulsion de mort », ainsi qu’une « pulsion de vie », toutes deux en conflit. C’est ce que Freud met en lumière après 1920, dépassant sa découverte de l’inconscient. Il écrit alors « Malaise dans la civilisation ». La civilisation, « le vivre ensemble » selon l’expression actuelle ne vont pas de soi. Il s’agit pour l’humain , de réguler ses pulsions, de les canaliser. Les religions nous proposent des solutions clefs en mains mais nous voyons bien que les religions n’ont fait qu’entraîner des guerres, au cours de l’histoire, depuis le Moyen-Age. Le communisme n’a pas mieux réussi, à l’heure où nous commémorons les 20 ans de la chute du mur de Berlin et la fin de l’U.R.S.S.
Reste le libéralisme qui renvoie les individus à eux-mêmes. Solitude. Le problème c’est que tout le monde n’est pas Montaigne, tout le monde ne peut pas bâtir une œuvre dans sa tour d’ivoire( et compte tenu de l’extinction progressive des éléphants, l’ivoire , il n’y en aura bientôt plus). Au contraire, dans leur isolement, dans leur confinement derrière les écrans des ordinateurs et des téléphones portables, les individus de 2019 sont en guerre avec eux-mêmes, souvent avec les autres.
Pulsions de vie, pulsions de mort.

Alors, la classe dirigeante, dans les pays développés où se pratique le libéralisme, régule la guerre de tous contre tous en organisant la consommation de masse, en prônant plus de développement technologique pour accumuler plus d’argent, plus de capital. Tiens ! j’ai dit « classe », « capital ».
Karl Marx a fait cette analyse de la « lutte des classes » à travers l’histoire des pays industrialisés. De même que pulsion de vie et pulsion de mort sont au coeur du fonctionnement des individus, la lutte des classes est au coeur du fonctionnement de la société libérale. En tout cas,il y a actuellement une classe dirigeante et une classe dirigée. Reste à savoir, lecteur, à quelle classe tu appartiens. Moi, je n’appartiens pas à la classe dirigeante, c’est déjà ça. La classe dirigeante fait tout son possible avec parfois la complicité de la classe dirigée,pour nous faire oublier les découvertes et analyses de Freud et de Marx. A tel point que l’étude des œuvres de Freud et de Marx, sont en 2019, sorties du programme de philosophie des lycées. Inquiétante étrangeté, non ?

Professeur Mottro.