Des mots et des choses

Il y a des types qui mettent des mots sur des choses, des mots compliqués aux sonorités savantes sur des choses de la vie quotidienne que bien souvent ils ne vivent que de très, très loin.

Des types du genre intellectuels issus des grandes écoles, journalistes , pseudo écrivains mais tous politique et médiatiques. Pas politique dans le sens grec du mot, c’est à dire travaillant pour le bien de la cité suivant en cela les paroles de Solon l’Ancien, père de la démocratie : «  unissez-vous sans vous confondre, différenciez-vous sans vous combattre ».

Au contraire, ces types s’agitent partout sur les réseaux afin de promouvoir leur égo, leur dernier bouquin, peaufiner leur carrière. Ces types, donc, nous ont mis et continuent de nous en mettre plein la tête avec le martèlement de ce mot composé ou plutôt con posé qui sonne, en ce moment, comme une insulte :

« islamo-gauchiste » !

Espèce d’islamo- gauchiste, tiens !

Ces gens, à la langue bien pendue et au concept facile ne fréquentent guère la réalité des choses qu’ils désignent. Ils sont loin des salles de classes, loin des amphithéâtres des facultés qu’ils ont certes fréquentés mais à bonne distance des étudiants, ne faisant que passer, auréolés de titres universitaires, blindés de bibliographies. Très loin des quartiers où vivent les musulmans qui, rappelons-le, ne sont pas tous des islamistes au sens où leur croyance religieuse prime sur le respect des lois de la République, laïque, une et indivisible.

On se demande si ces types-là, que nous ne citerons pas mais, en lisant l’actu, tous les lecteurs du Conotron les reconnaîtront, ne contreviennent pas au premier article de notre Constitution , en semant l’indivision plutôt qu’en prônant l’union.

L’union, c’est sur le terrain de l’école, de l’atelier, du bureau, de l’hôpital, de la rue qu’elle tente de se faire avec les acteurs de terrain. Et c’est pas de la tarte ! D’ailleurs, quand ces acteurs n’en peuvent plus, de travailler à l’union, les politiques les lâchent, quitte , ensuite à leur organiser des funérailles nationales ( cf. précédente chronique)

Mais, revenons à ce mot con- posé : « islamo-gauchiste » . Son grand penseur, son inventeur, son propagateur est un docte universitaire à la carrière exemplaire, un excellent navigateur, saisissant admirablement l’air politique de notre époque qui consiste à brouiller les positions idéologiques binaires parce que justement, elles sont binaires et parce que le binaire, cad, Droite/ Gauche, c’est pas bien. Soit !

Rappelons qu’il y a trois visions du monde : la religieuse, la libérale, la marxiste.( cf précédente chronique).La droite est plutôt libérale , la gauche plutôt marxiste. En principe.

En plus de semer la confusion dans les esprits les plus faibles, ces types-là sont quand même un peu insultants à l’égard de ceux qui sont encore conscients d’être à Gauche, c’est à dire conscients que Dieu ne réglera pas tous nos problème ni que l’individu se suffit à lui-même dans sa très grande liberté d’entreprendre ce qu’il veut dans ce grand marché mondialisé, conscients qu’il existe des classes sociales et des luttes.

Alors, messieurs les intellectuels, défendeurs et inventeurs de ce concept hautement politique et quand même, quoiqu’on s’en défende, bien à Droite, sortez de vos cabinets ministériels, de votre bibliothèque, sortez aussi la monnaie et retroussez vos manches ! Allez sur le terrain !

Ou bien, comme dirait Mélenchon, même s’il déconne parfois un peu, mais là, il a raison :

DEGAGEZ !

Professeur Mottro

20 février 2021.