Napoléon

2021, commémorons-en coeur Napoléon sous l’égide du prince Mikron.

Commémorons le bicentenaire de la mort de « cet enflé avec son chapeau à la con » comme dit Zazie la protagoniste de Zazie dans le métro, un petit roman de Raymond Queneau, plus un film de Louis Malle. Pour la culture, sous notre Vème République, osons un arrêt sur image, de Malraux à Bachelot.

Y’a pas photo !

Allez, lectrices et lecteurs du Conotron, rions ! Voici une petite page de littérature.

Les généraux à Napoléon, ils avaient eu un sacré coton pour l’empêcher d’aller se faire pomper à Varsovie une dernière fois suprême par la Polonaise de son coeur. Il était ainsi, Napoléon, même au milieu des plus grands revers et des malheurs, pas sérieux en somme…Même lui, l’aigle à sa Joséphine ! Le feu au train, c’est le cas de le dire, envers et contre tout. Rien à faire d’ailleurs, tant qu’on a le goût de jouir et de la rigolade et c’est un goût qu’on a tous, on ne pense qu’à ça ! Au berceau, au café, sur le trône, aux cabinets.

Partout ! Partout ! Bistoquette, Napoléon ou pas ! Cocu ou pas !

Plaisir d’abord ! Que crèvent les quatre cent mille embérézinés jusqu’au plumet, qu’il se disait le grand vaincu, pourvu que Poléon tire encore un coup !

Quel salaud ! …

Et allez donc ! c’est bien la vie !?

C’est ainsi que tout finit…

Pas sérieux ?

Le tyran est dégoûté de la pièce qu’il joue bien avant les spectateurs. Il s’en va baiser, l’tyran, quand il n’en peut plus de sécréter des délires pour le public !

Alors, son compte est bon, le destin le laisse tomber en moins de deux.

Ce n’est plus de les massacrer à tour de bras, que les enthousiastes lui font un reproche, que non ! Ça c’est rien ! Et comment qu’on lui pardonnerait !

Mais d’être devenu ennuyeux tout d’un coup c’est ça qu’on lui pardonne pas.

Le sérieux ne se tolère qu’au chiqué.

Les épidémies ne cessent qu’au moment où les microbes sont dégoûtés de leurs toxines.

Louis-Ferdinand Céline, « Voyage au bout de la nuit »

(page 353, Gallimard 1952, coll. Folio plus, 1996.)