Guerre, quelle guerre ?

Depuis le 11 Septembre 2001, l’Occident est entré, selon M. Doublevé, Président des Etats Unis d’Amérique, en croisade contre l’islamisme radical. Précédemment c’était les Papes qui appelaient à la croisade. Voici qu’un homme politique s’en mêle (s’emmêle ?). A l’en croire il s’agirait d’une guerre du Bien contre le Mal. Le Bien, c’est l’Occident, évidemment. Quant à l’ennemi désigné, Oussama Ben Laden, son discours est l’exacte contre-empreinte de celui de M. Doublevé : Satan ne peut être qu’américain. Et à mon avis, il sait ce dont il parle tant il en manipule habilement les contradictions.

Alors qui allez-vous croire, cette fois ? Aucun de ces deux tordus ! Car il ne s’agit ni d’une guerre sainte, ni d’une djihad. L’argument du film-catastrophe est simplissime : M. Doublevé, assisté de quelques sicaires, monarques du Golfe et autres généraux pakistanais, cherchent à assassiner les créatures, Oussama Ben Laden et ses sbires, qu’ils avaient sur-armés et entraînés contre les Soviétiques et qui leur ont soudain échappé.

C’est le même argumenteur que celui qui nous a déjà été servi en 1990 quand il a fallu trouver un prétexte pour aller mettre une pâtée à l’Irak, qui avait été équipé par les Occidentaux pour qu’il fasse barrage à l’Iran chiite (souvenez-vous, la France avait même loué des avions de combat à l’Irak. Loué, la guerre en leasing : pincez-moi !). Le Koweït fut la victime qui tombait à pic. En fait tellement à pic, que beaucoup (dont je suis) se posent encore des questions sur une très probable manipulation des services secrets américains.

De ces jours-ci, la bouillie réchauffée pour chat passe sacrément mal.

J’ai le sentiment profondément ancré que cette guerre contre le terrorisme islamiste est l’éternelle guerre des riches contre les pauvres. Qui attaquent des avions de ligne au cutter pour les précipiter sur leurs cibles : quelle économie de moyens ! C’est la guerre des parvenus contre les crève-la-faim, les traîne-misère et tous les miséreux de la planète. Du Sud contre le Nord : il ne reste plus qu’à intégrer la Russie dans l’Otan pour compléter le tableau…

Entendre certains Américains pleurnicher qu’ils ne comprennent pas pourquoi ils ne sont pas aimés est vraiment désespérant. Le vaccin contre la connerie n’existe pas encore. On peut juste leur proposer d’aller voir « fissa » ce qui se passe dans le Tiers-Monde – oui, oui, là-bas à l’étranger ! – parmi ces pays qu’ils gouvernent par dictatures interposées, en Amérique Latine, aux Philippines, en Indonésie, en Palestine. Qu’enfin leurs yeux se dessillent et qu’ils voient tout cet immense ressentiment qui était resté hors-champ des caméras de CNN.