Humanitaire, disent-ils

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Derrière les soldats, les colis alimentaires et l’eau minérale. Après les obus, le mercurochrome. On vient vous nourrir, après vous avoir affamé. Vous recoudre, après vous avoir éventré. Ainsi va la guerre moderne, où le bourreau se mue en sauveteur dans le même mouvement. Il n’y a désormais plus d’humanitaire que militarisé.

L’humanitaire d’urgence côtoyait déjà bizarrement le militaire. Mais les médecins risquaient leur peau, infiniment plus que les pious-pious dans leurs blindés et derrière leurs sacs de sable.

Le « charity business » s’était déjà largement discrédité tout seul. Par ses pratiques de marketing : investir un million dans la pub pour en glaner trois, ça fait surtout vivre la pub, non ? Par ses compromissions avec de sombres autorités locales mi-maffieuses, mi-tortionnaires. Par ses rivalités internes, telles ces courses en 4X4 pour aller coller un sticker sur la porte de ce qui deviendra un camp de réfugiés pour pouvoir dire : « nous y étions les premiers ! ».

L’humanitaire a toujours été déchiré de l’intérieur, entre générosité et narcissisme, entre angélisme et carriérisme. Mais désormais, cette perversion en « humanitaire militaire », largement relayé par de gentils médias intoxiqués (ou volontairement complices) lui donne le coup de grâce. Et toutes les protestations de certaines ONG n’y changeront rien : elles auront toujours besoin des militaires pour « accéder » aux victimes.

La démagogie de ce pseudo-humanitaire est évidente. Mais les médias font comme si… Comme si l’invasion américaine de l’Irak n’était pas la cause immédiate la plus directe des privations de nourriture, d’eau potable, d’électricité, de médicaments ! Comme si le peuple irakien n’avait pas été la victime d’un embargo militaire de dix ans, soumis pendant dix ans à d’incessants bombardements anglo-américains dans les zones d’exclusion aérienne ! Comme si près de 500000 enfants n’étaient pas morts de cet embargo !

Les troupes américaines ne font pas d’humanitaire. Elles ravitaillent les populations irakiennes : c’est de leur responsabilité de puissance occupante. Et c’est même prévu par les conventions de Genève de 1949.