La vie privée est abolie

Internautes de tous les pays, unissez-vous ! Vos libertés [juillet 2007] sont menacées…

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Ce n’était pas nouveau. Certains avaient déjà crié au feu dès les années cinquante ou soixante. Mais le développement exponentiel de l’internet a mis en évidence ce que certains pensaient n’être qu’un mauvais procès d’intention.

Oui, la technique est actuellement LA principale menace sur les libertés publiques. Ou plutôt : non pas la technique en elle-même (dont on peut discuter la neutralité : c’est le couple couteau-assassin qui est responsable…) mais bien certains technocrates, au premier rang desquels un ministre de l’Intérieur démago-extrême.

Voici quelques exemples récents pour illustrer mon propos : le fichier ADN, les écoutes de l’internet et le rôle des hébergeurs.

Fichier ADN : Il y a quelques années, nul n’aurait eu l’idée saugrenue de stocker les messages ADN de tous les individus d’un pays, lorsqu’on sait qu’il faut plusieurs kilomètres de volumes-papier pour retranscrire le message d’un seul individu. Mais les « progrès » du stockage de données informatisées est là, de même que la puissance de calcul d’une machine permettant de comparer le message d’un individu à tous les messages présents dans une base.

 L’idée saugrenue est devenue réalité. Qui plus est à faibles coûts. Une base de données stockant les séquences ADN complètes des délinquants a été mise en place par la Loi sur la sécurité quotidienne (LSQ) en novembre 2001. De nouvelles catégories de population sont progressivement ajoutées, notamment par la Loi d’orientation et de programmation sur la sécurité intérieure (LOPSI) dite loi Sarkosy. Certains veulent n’y voir qu’un fichage à peine plus menaçant que celui d’empreintes digitales. Erreur : même s’il s’agit aussi de biométrie, l’ADN ne comporte aucune marge d’incertitude.

Hormis que la machine et le programme de décodage qu’elle utilise, sont quant à eux faillibles. Forcément faillibles. Mais pas le Léviathan que l’on mettra sur la piste biologique d’un futur opposant politique ou simple contestataire récalcitrant.

 Ecoutes de l’internet : à propos de ces écoutes, la même puissance de calcul des machines permet non seulement de capter quasiment tous les messages mails échangés sur cette planète, ainsi que les conversations téléphoniques, mais encore de les traiter par reconnaissance vocale et de les analyser en les comparant à un dictionnaire paramétrable. Ca, c’était Echelon, un système anglo-américain tellement performant qu’il est resté occulte pendant des années. Mais ceux qui s’inquiètent de ce système et le critiquent ne sont que des jaloux.

L’administration européenne vient de faire obligation aux hébergeurs et fournisseurs d’accès d’archiver les fichiers de connexions (Directive sur la protection des données de télécommunications du 30 mai 2002). Toutes les pistes sont désormais traçables. Totalitairement….

Statut des hébergeurs : Mais il peut arriver que la technique rendent les choses compliquées. Heureusement que les Etats ont toujours quelques technocrates qui cherchent à rendre les choses bien plus simples. Exemple : le statut des hébergeurs. Jusqu’à présent, en France, leur responsabilité était quasi-inexistante aux yeux de la jurisprudence. Ce n’est que sous l’intimidation qu’un service comme altern.org avait fermé ses ports. Dans les faits, un hébergement aux Etats-Unis rend le contenu distribué en France inattaquable car relevant d’un juge américain et du « speech freedom » particulièrement bien ancré en droit anglo-saxon.

Fait nouveau, il existe un projet de loi pour la confiance dans l’économie numérique. Cette loi entend imposer aux intermédiaires techniques, notamment aux hébergeurs, de jouer le rôle de censeurs, leur conférant le droit de juger de ce qui est illicite et le devoir de rendre inaccessibles les contenus litigieux, privant les émetteurs de ceux-ci du recours en justice auquel tout un chacun a droit en matière d’expression publique. Voilà pour la France. Mais ce texte prétend aussi contraindre ces mêmes intermédiaires techniques à filtrer les contenus hébergés à l’étranger. Plus liberticide, tu meurs…

Chaque utilisateur de l’internet est désormais considéré comme un terroriste potentiel. Alors pour les faire caguer, là-bas dans leur bunker, voici une petite liste de mots sympathiques que le Conotron vous propose de joindre à un de vos mails au rédacteur en chef de votre journal, toujours en lutte contre la connerie in-humaine :  “VX charbon cyclosarin moutarde drone predator sarin AK47 semtex stealth radar Roke Manor Research cruise exocet nuke mini-nuke tomahawk global-hawk al-quaida stinger missile radioactiv Campton electronics” .