Qu’est-ce que tu dis, Cassandre ?
Donald n’a jamais été un « successfull self made man » comme il le prétend. S’il n’avait pas eu la fortune paternelle pour se protéger les couilles chaque fois qu’il a foiré un de ses investissements hasardeux, aujourd’hui, il serait à la rue. Pour vous en convaincre, lisez la petite liste de ses bides financiers.
Le véritable sujet de cette Une est la dernière tôle que s’est ramassée le vraiment très weird président des Etats-Unis : la mise en faillite accélérée, le plantage absolu, irréversible d’America Incorporated.
Be kind, rewind… Depuis son plus jeune âge, la soif de reconnaissance de Donald (du fait d’un père distant ? d’une mère froide ? ou des deux ?) est infinie. Mais son « esprit d’entreprise » constitue une magnifique névrose de répétition, un vrai cas d’école. Depuis toujours, tout ce qu’il entreprend, il le transforme en bâton merdeux. Qui plus est, son empathie n’est même pas proche de zéro. Elle est de zéro. Un vrai « monstre froid », revanchard saturé de ressentiment, intimidant surexcité comme une puce.
Il a tout compris au changement climatique (qu’il nie cyniquement) et cela depuis très longtemps. Il pense comme beaucoup d’autres : « Je suis riche et puissant, donc je continuerai à me gaver ! Et je vous emmerde !». Il constitue en cela l’ennemi parfait de tous les socialo-écolos qui pensent comme ma pomme qu’une transition décarbonée n’est possible que si l’humanité partage toutes ses ressources et tous ses biens, de manière équitable à l’échelle mondiale.
Et pourtant, qui l’eût cru ? C’est Donald Trump qui sonne aujourd’hui le glas de la mondialisation libérale, qui durait depuis l’après-guerre. C’est un président américain même pas communiste qui enterre la globalization, l’exploitation de l’homme du Sud par l’homme du Nord, qui se retire du jeu en renversant la table. Un président dont le pays a le plus profité de la baisse des barrières douanières dans les 50 dernières années, via les rounds du GATT (General Aagreement on Tariffs and Trade) devenu l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce).
Et de cette mise-en-bière, je me réjouis du fond du coeur. Cependant en même temps je pleure pour tous ces morons américains qui ont élu un crétin pareil à la tête de leur pays.
Car ça ne va pas faire un pli. L’augmentation des droits de douanes, à des niveaux stratosphériques (avril 2025) va appauvrir les Etats-Unis de manière catastrophique : les bourses sont en train de dévisser grave et donc aussi les retraites des rentiers américains ; le dollar qui n’est déjà plus complétement la monnaie de référence mondiale (ça durait depuis les accords de Brenton-Woods – 1947) a commencé à se casser la gueule ; l’inflation va galoper à l’intérieur des frontières américaines en renchérissant tous les produits importés ; mais aussi les produits assemblés aux Etats-Unis et intégrant une forte part d’importation – même Tesla est impactée ; une récession d’ampleur du fait de l’asséchement soudain de la demande intérieure américaine va suivre inévitablement.
Et les Etats-Unis seront passés complétement à côté de l’objectif premier qui était (semble-t-il) de rapatrier des activités industrielles sur le territoire américain, en donnant du travail aux « souchiens » yankees. Objectif raté parce qu’en économie, il y a un temps court (aujourd’hui) et un temps long. Faire revenir l’emploi industriel sur le territoire américain relevait du temps long. Contrer les manoeuvres chinoises cherchant à dominer le marché mondial de la voiture électrique, relevait du temps court.
Je ne suis pas un libéral à tout crin – comme l’ancêtre de la mondialisation Milton Friedman sur la vidéo ci-dessus lorsqu’il explique d’où viennent les différents éléments de son crayon. Je pense au contraire qu’il faut de la régulation partout, et encore de la régulation, surtout en matière de commerce international, pour échapper à la loi du plus fort. Et au colonialisme économique. C’est pourquoi l’ancien monde avait inventé l’OMC. Mais depuis hier, celui-ci ne sert plus à rien. Ni ses tribunaux d’arbitrage. D’ailleurs sous peu, ma main à couper que Donald annonce le retrait des Etats-Unis de cette organisation multilatérale.
Rappelons cependant que la Chine, aussi bien vis-à-vis des Etats-Unis que de l’Europe, les niquait tous depuis très longtemps et en toute impunité. En subventionnant sa production à coups de fonds publics (aides d’Etat) et en pratiquant le dumping à l’échelle internationale, pratiques interdites par l’OMC. Le cas le plus flagrant a été celui des panneaux solaires, dont la Chine détient aujourd’hui de facto le monopole mondial. Mais au lieu de mettre en place un protectionnisme ponctuel, par exemple sur les batteries électriques pour voitures comme sur l’aluminium et l’acier, voilà qu’un éléphant orange avec une crête jaune bizarre sur le haut du crâne entre dans le magasin et vient y casser toute la porcelaine.
Roi du deal ? Plutôt roi des cons, oui.
Car sans jouer les Cassandre, vu d’Europe aujourd’hui 8 avril 2025, on dirait que la seule stratégie de Donald Trump est une confrontation totale et ultime avec la Chine. Jusqu’à la guerre – la vraie, à coups de canon et de missiles intercontinentaux . J’aimerais beaucoup me tromper. Mais cela semble de plus en plus probable. Souvenez-vous : empathie = zéro.
Mise-à-jour de 9/04 : les « amis » de Trump, dont fait bizarrement partie l’Union Européenne, viennent d’obtenir un répit de trois mois avant une augmentation. Mais leurs droits de douane sont tout de même désormais de 10% -précédemment à la crise provoquée, ils étaient de 3 à 4%. Quant à la Chine, pour l’humilier encore un peu plus, ses droits de douane sur ses importations vers les Etats-Unis sont portés à 150%. Conclusion : rien n’est résolu.
Pourquoi Donald a-t-il fait volte-face ? Parce que quelqu’un a eu la bonne idée de commencer à vendre des bons du Trésor américains, dont le taux à 10 ans est passés en quelques heures de 3,5 à 5%. C’est le marché obligataire qui fait réagir Trumpy. Les Chinois ont commencé à se défaire de leurs bons du Trésor et ils vont continuer. Regarder ce graphique et vous comprendrez ce qui va se passer s’ils pètent vraiment un câble.
En 2024, la dette publique américaine totale s’élevait à 34 700 milliards de dollars, soit 125% de leur PIB (largement au-delà des critères de Maastricht, hein ?). Sur ces 34 700 milliards, 8 000 (23% du total) étaient détenus par des non-résidents, dont 770 milliards par des investisseurs chinois.