Nous voulons la lune : le revenu universel

Ce crétin froid de Laurent Wauquiez, pour appuyer son propos sur l’assistanat, “cancer de la société française” qui la rongerait subrepticement (alors que tout un chacun sait bien que le seul cancer qui ronge notre pauvre pays, c’est la connerie crasse de l’actuel gouvernement), Laurent Wauquiez dit ceci: “Aujourd’hui, un couple qui est au RSA, en cumulant les différents systèmes de minima sociaux, peut gagner plus qu’un couple dans lequel il y a une personne qui travaille au Smic…”

Et de faire pleurer dans les chaumières en citant un électeur, smicard de son état, qui l’aurait traîné par la manche jusque devant sa maison, pour lui montrer comment prospérait son voisin, au RSA et qui n’a pas à se lever chaque matin, et comment lui qui trimait si dur, arrivait à peine à s’en sortir. En passant, la conclusion du gars est intéressante: “Comment voulez vous que je ne vote pas Front National?”
L’objectif de Laurent Wauquiez est limpide: il s’agit de reconquérir les voix de droite qui se sont égarées chez Le Pen, père et fille.

Alors contre cette droite puante et qui se prétend sociale tout autant que nationale (les cons!), voici une solution simple. Pour couper l’herbe sous le pied de Laurent et de Marine, voici une idée qui les renverra tous deux aux poubelles de l’histoire.

Le remède consiste à instaurer enfin en France un revenu universel. Le revenu universel est une allocation versée à tous, dès la naissance, sans aucune obligation d’activité, sans possibilité d’y renoncer ou de l’aliéner, et d’un montant permettant d’exister et de participer à la vie de la société. Tous les autres revenus individuels (ceux du travail, mais aussi ceux du patrimoine) se rajoutent à ce revenu minimal.

J’entends déjà tous ces cons de libéraux: “Vous n’y pensez pas, vous allez décourager le travail.”

Mais si j’en crois un essayiste américain qui a fait un tabac sur le sujet, c’est -déjà- “la fin du travail”. Car le problème actuel de l’économie française n’est pas le trop de chômage, mais le pas-assez d’emploi. Pour les jeunes et tous les décrochés d’un système scolaire chargé de sélectionner plutôt que d’instruire. Pour les vieux, aussi. Des vieux de plus en plus vieux lorsqu’ils partent à la retraite. Finies les pré-retraites, et bonjour les chômeurs dispensés de recherche de travail ou rémistes en attentent de retraite: belle hypocrisie du législateur.

Décourager, oui! Même si ce n’est pas l’intention première. Quant à le tuer, non. Car le travail mourra sans que le revenu universel vienne lui mettre le coup de grâce. Il mourra du fait de la contradiction majeure du capitalisme, à savoir cette volonté d’appropriation du sur-travail par la finance mondialisée, contre-carrée par une volonté aussi forte de résistance à cet esclavage. Un bras de fer résolu depuis deux siècles par la  substitution du capital au travail, comme une fuite en avant. Et dont la révolution informatique n’est que le dernier avatar.

En revanche, à défaut de tuer le travail, un revenu universel permet enfin de faire en sorte que les individus n’aient plus l’impression désagréable de toujours perdre leur vie à la gagner. Le revenu universel est aussi la condition première pour rapprocher chaque individu de l’idéal du citoyen grec athénien, oisif et s’occupant exclusivement des affaires publiques, se distinguant ainsi des mercantis et des météques, ainsi bien sûr que des femmes et des esclaves.

Grâce au revenu universel, fini le chômage, fini le rémistes, finies les aides personnalisées, au logement comme à toutes sortes de choses, tous les minimas sociaux fondus en un seul. Peut-être est-ce là la seule utopie? Car dès lors qu’il n’y a plus de chômage, comment fera-t-on marcher le peuple en rangs serrés? Sur quelle peur appuyera le gouvernement pour faire tourner la machine sociale?

Du point de vue de la théorie macroéconomique, il s’agit seulement de tirer toutes les conclusions du fait que nous sommes entrés depuis quelques temps déjà (l’après-guerre) dans une économie de rente généralisée, de rente garantie par le pouvoir politique. Tout un chacun essaye désespérément de s’en faire une, de rente: le futur retraité, l’actionnaire-spéculateur, le titulaire de stock-options, le chômeur. Tout le monde cherche à faire valoir son “droit de tirage” sur cette société d’abondance. Alors pourquoi ne pas régulariser tout ça, le généraliser à tous sans exception, équitablement, sans possibilité de tricherie et en réalisant au passage une super économie d’échelle dans la gestion de cette aide sociale-là. Finis les effets de seuil et les évictions de tel ou tel système parce que le demandeur ne remplit pas telle ou telle condition.

La même lune pour tous !