Le légal et le moral

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D’abord l’affaire Ferrand : tout était légal dans l’achat, après mise en concurrence et aval donné par le conseil d’administration de la société, d’un immeuble de bureaux pour héberger les employés de la mutuelle présidée par M. Ferrand. Mais rien n’était moral : ni l’acquisition trois jours avant, par une sci montée en urgence par son épouse, de l’immeuble en question, à peine connue la décision du CA; ni la réfection du bâtiment loué, aux frais de l’entreprise, qui permettra au bailleur de faire une plus value conséquente le jour de la revente.

Ensuite l’affaire Bayrou-de Sarnez : des attachés parlementaires européens dûment employés par le parti de M. Bayrou. Tout, en apparence, est légal. Sauf que certains d’entre eux prétendent avoir exercé de toutes autres fonctions que celles pour lesquelles leurs salaires sont versés au parti par l’assemblée européenne. Si ça se révèle exact – la justice enquête – c’était immoral. Surtout lorsque les mêmes tombent à bras raccourcis sur F. Fillon, comme l’hôpital se foutant de la charité.

Maintenant l’affaire Pénicaud : tout était légal dans la vente, par la directrice des ressources humaines de Danone, de ses stock-options acquis deux ans auparavant (délai de garde). Mais rien n’était moral : il était évident que le plan de licenciements qu’avait à mettre en œuvre Mme Pénicaud, allait faire rebondir le titre en Bourse et qu’elle ferait à cette occasion une plus-value substantielle en les revendant.

Dans l’affaire Fillon également, rien dans la loi n’interdisait à un député d’employer son épouse ou son fils ou sa fille comme attaché parlementaire. D’ailleurs la fille de M. Ferrand – encore lui – a profité de cette possibilité, tout en étant en stage à Bruxelles. Aucune instance de contrôle ne permettait de vérifier l’effectivité du travail. Ainsi Mme Fillon n’a jamais eu de badge pour entrer à l’Assemblée Nationale, ni n’a publié ou fait publier quoique ce soit concernant l’activité de son mari dans la presse locale. Mais passons… A l’époque de ces faits, tout était légal, puisque le chevalier blanc Bayrou – encore lui ! – n’avait pas encore fait passer la “loi de moralisation de la vie politique” interdisant d’employer un membre de sa famille. Note aux benêts : on s’est arrêté là mais il restera tous les amants et les maîtresses, que la loi ne connaîtra jamais….

On les entend dire : “c’était légal… alors, je l’ai fait… ah bon, vous trouvez ça immoral ? pourtant…” Avancer ceci ne peut / ne doit constituer une ligne de défense. On attend plutôt : “Je l’ai fait. C’était immoral. Voici ma démission”.

Alors, encore une loi inutile à peine votée ? Puisque forcément incomplète (le droit de poursuite dans les affaires de fraude fiscale est toujours entre les mains de Bercy, cf affaire Cahuzac), forcément truffée de moyens de contournement, de possibles petits arrangements entre copains-coquins ? Qu’y changera-t-on tant que les principaux intéressés continueront de vivre sur la planète Pognak, où tout est légal ? A quoi bon une loi, puisque jamais leur sens moral ne leur souffle la voie de la retenue ?

On ne devait pas avoir à légiférer sur la morale. Soit on en a une, soit on n’en a pas. Et si on n’en a pas, on ne fait pas de politique, mais des affaires. Et on devient affairiste, pas élu/e de la Nation. Car de ceux-ci, on attend un minimum de décence et un maximum de désintéressement.