Une manif de plus

Au bout d’une bonne demi-heure, on a fini de piétiner et le cortège se met en marche, mollement. Au pas de  sénateur. On enquille la même avenue que la dernière fois et que l’avant-dernière. Idem  qu’ en  1995, sauf que  cette fois-là ça avait duré. On salue les mêmes gens. Les camarades se regroupent par affinités. Chacun dans sa paroisse. On se reconnaît et comme ça caille, on aborde la question du ski aux prochaines vacances scolaires. “Y aura-t-il de la neige à Super-Besse. Les nouveaux tarifs du VVF, je ne te raconte  pas. Heureusement que la bouffe est bonne.”
On met facilement deux plombes à remonter l’avenue. On déborde sur les trottoirs. C’est vrai, c’est pas mal, il y a quand même du monde.” La retraite de la mort, on n’en veut pas!”. On a encore  dans l’oreille et aux bords des lèvres: “retrait, retrait, retrait du plan Juppé”. Et après ? Que s’est-il  vraiment passé ? Qui nous a joué un tour de con ?  On ne  peut pas s’empêcher de fredonner, pour les vieux,  la chanson de Maxime: “l’habitude nous joue des tours”…Vers midi, la manif est pliée. Direction les cafés et les petits restos des alentours avec les pancartes et les drapeaux, bien rangés. Quelques permanents syndicaux , dans le fond de la salle, commentent le menu du jour de :”Chez Mémé”. ” Les prix ont encore augmenté. T’inquiète, on fera passer ça en note de frais.” “Les grandes idées, c’est bien, disait l’ancien secrétaire départemental, mais le quotidien, c’est important” . Alors, il n’est pas bien le quotidien ?
Quatorze euros, entrée, plat , dessert, et un quart de vin.
Allez, c’est moi qui offre les cafés.
Et demain ?
Demain, on verra bien.
Professeur Mottro