Harcèlement scolaire

c-la-rentreeEn 2015, le collège et le lycée dispensent un nouvel enseignement : « l’enseignement moral et civique ».

Cet enseignement est le principal vecteur de la lutte contre le harcèlement scolaire ; il permet aux élèves de s’exprimer suivant le nouveau credo de la ministre : priorité à l’oral.

Rappelons qu’en français, puisque c’est en français que les élèves s’expriment, l’écrit vérifie l’oral depuis toujours. Ainsi quand l’apprentissage de la syntaxe et du vocabulaire passent au second plan, la classe devient le lieu de tous les bavardages – en plus de ceux qui circulent sur les téléphones portables – voire de toutes les invectives. Des invectives au harcèlement, il n’y a qu’un pas vite franchi. Aussi pour éviter ce dangereux dépassement, il conviendrait d’abord d’enseigner aux élèves les bonnes manières, non pas au sens où l’entendait Madame de Maintenon, mais au sens où l’entendait Montaigne quand il écrivait : «  Nous ne sommes Hommes et ne nous tenons les uns aux autres que par la parole ». Donc apprendre aux élèves à parler justement : « Savoir à qui je parle, où quand, coment et pourquoi je parle ». Ensuite que les élèves oublient leur téléphone portable, qu’ils apprennent : « le silence est d’or la parole est d’argent », enffin plutôt que d’enseigner la morale et le civisme, il serait plus judicieux d’enseigner les « belles lettres ». Une fois apprises, elles formeraient plus sûrement le citoyen et l’honnête homme.

Mais en 2015, les belles lettres sont évacuées au profit des droites lettres (sous un gouvernement de gauche, ça ressemble à une capitulation). Priorité à l’ortho-graphe. Avec retour de la dictée ! Ce retour accrèdicte / accrédite un stéréotype ancré dans les soubassements de l’opinion publique, la perte de l’orthographe qui fait écho à celle de l’identité nationale. Alors qu’il y a davantage à s’inquiéter de l’appauvrissement du vocabulaire en français du fait de la lente disparition de l’enseignement du latin et du grec et du tout-à-l’anglais. Le retour de la dictée c’est aussi la soumission aux patrons et aux chefs de bureau. Parce qu’ils attendent et ne cessent de le claironner que leurs futurs employés sachent orthographier juste. Mais juste orthographier !

En effet des employés qui s’exprimeraient justement et judicieusement, en syntaxe sont capables de contester des ordre injustes.

« L’orthographe, disait la linguiste Nina Katach, ce ne sont que les habits de la langue ». Alors en ce journée du 5 novembre 2015 contre le harcèlement scolaire, les costumes impeccables des autorités éducatives et des politiques, défilent dans les salles de classe.

Les beaux habits ont-ils nécessairement les bonnes manières ?

Professeur Mottro