Election, piège à cons.

Jamais une élection présidentielle n’aura autant fait apparaître aux électrices et électeurs la vanité de l’institution instaurée par Debré et De Gaulle, deux refoulés de la royauté, (d’aucuns diront deux cons) en 1958 et 1962.

A quelques jours du premier tour, on a l’impression d’un défilé d’égos sur les plateaux (tv), sur les réseaux, dans les rassemblements publics où hurlent des foules en délire à l’intention de celle ou celui qu’ils veulent élire.
Mais pour quoi faire ?
d’autant que presque tout le monde sait qu’un Président coûte cher , nourri, hébergé au frais des contribuables dans les ors de l’Elysée, sans compter les coûts de leurs retraites !… On connaît aussi,( mais le sait-on vraiment?) l’étendue de son pouvoir, au Président,  celui que lui concède ( con-cède) la Constitution de 1958.
A ce propos, je me souviens que lorsque j’étais lycéen, dans les années 1970, nos profs d’histoire nous donnaient à lire et à commenter certains articles de cette Constitution, histoire de nous instruire et d’éveiller ainsi notre  “esprit critique”. Moi-même, devenu prof , j’ai donné à lire et à commenter cette Constitution à des jeunes lycéens. Qu’en ont-ils retenu ?
Honnêtement, je n’en sais rien. Ce que je sais c’est que beaucoup d’entre eux, ceux en âge de voter à présent, s’abstiendront ou voteront très à droite ( Le Pen, Zemmour) ou très à gauche ( Mélenchon, Poutoux, Arthaud). En fait, ces jeunes ne voteront pas pour élire un ou une Présidente mais pour réagir.
Or, on a coutume de dire que c’est souvent la connerie ( la nôtre et pas seulement celle des autres, car n’oublions pas qu’on est toujours le con d’un autre) qui nous fait réagir. 
Donc, cela nous conduit (con/duit) à penser que cette élection-réaction est bien un piège à cons.
Alors se pose la seule question qui vaille d’être posée:
en participant à l’abstention, est-ce que j’évite le piège à cons ?
Pour les médias,les journalistes, les hommes et les femmes politiques, pour celles et ceux qui iront voter, sans aucun doute, je suis un con.
 “Va donc mettre un bulletin BLANC dans l’urne (pov’con) !” me dit et pense l’un.
Mais à quoi ça rime vu qu’un bulletin “blanc” est considéré comme nul ! ?..
“Va donc voter contre Macron” me dit l’autre et me disais-je aussi à moi-même.
Oui,  réagir contre le roi-Président qui a l’air comme d’autres rois-Présidents, en leur temps, de prendre goût à la monarchie présidentielle.
Mais je n’ai pas envie de tomber dans le piège à cons de la réaction.
Pas facile. Il y a des situations politiques qui pourraient ressembler à des tragédies de Corneille. D’ailleurs, pour certaines et certains politiques, leurs combats et leurs élans valent pour la cause qu’ils servent ou déclarent servir, les transports amoureux du Cid pour Chimène.
Et pour moi le dilemme!
Il exagère à peine, pensez-vous.
Et vous avez raison car la raison me commande d’attendre.
Attendre les élections législatives qui suivront pour aller voter pour sa/son Député(e).
Pas con, non ?
Professeur Mottro
5 avril 2022.