Khalifa, en arabe, désigne le successeur. Le calife est donc le successeur de Mahomet à la tête de l'umma, la communauté des croyants. Il détient le pouvoir politique et religieux, donc rend la justice, décide de la guerre, tranche le dogme. Pour faire calife, selon les sunnites, il faut appartenir à la famille des Quraychites, c'est à dire descendre de Momo, qui a sa mort en 632, ne laisse aucun héritier mâle.
Abu Bakr, le tonton, est le premier à prendre la succession de Mohamed-le-prophète. Mais en 656, le calife Uthman - un autre tonton, successeur du successeur - meurt assassiné. Ali, le gendre du prophète (marié à Fatima), prétend à la succession. Tandis que Muawiya, un cousin d'Uthman prétend venger celui-ci. Les pro-Ali donnent naissance au chiisme. Les autres, qui sortent vainqueurs du conflit en 661, avec la mort d'Ali, sont sunnites. Muawiya fonde la dynastie des Omeyyades.
Très vite le titre de calife devient honorifique. Jusqu'en 1924, le vrai pouvoir est entre les mains du sultan, l'équivalent du maire du palais. En l'occurrence depuis le XVIIIème, le sultan est l'empereur ottoman. En 1924, celui-ci domine un territoire réduit à sa portion congrue, suite au dépècement mené par les impérialistes habituels, Angleterre, France et Italie. En proclamant la république de Turquie, Atatürk abolit le califat par la même occasion.
Se revendiquer calife comme l'a fait Abou Bakr el Baghdadi, le chef de Daech, en 2014, c'est d'abord se poser en successeur de Momo-le-prophète. Un dieu, un chef, une communauté, tel est le programme. Ca ne vous rappelle rien ? Mais si, voyons : ein Führer, ein Land, ein Volk ! Et bing, un point Goldwin pour ma pomme !
